En fin de semaine, j'étais à Buis.
J'aurais bien voulu aller à Trept rejoindre Alain et sa joyeuse bande de la Vélorizon, mais Daniel avait prévu d'y aller à moto, et Serge seulement le samedi matin.

Alors j'ai pris la bonne vieille Picasso dans le garage, qui a démarré au quart de tour, et je suis allé à Trept (pas loin de Courtenay, où je me trouvais, un 31 juillet 1977, pour la grosse manif antinucléaire contre Superphénix de Creys-Malvile. Mais ceci est une autre (et vieille) histoire...

Je retrouve Alain à Trept. Il m’a apporté mon Sokol qui était dans son garage depuis Nandax. A l’époque, je ne savais pas trop comment j’allais rentrer pour les Championnats de france, ni si je pourrai aller le chercher à Buis. Il l’avait donc emmené chez lui.

Vu l’état des voitures des Normands, je me suis félicité de cette initiative car je m’attendais à ce qu’ils restent en rade sur la route. Mais non. Ils sont arrivés dans la nuit de vendredi à samedi.

Mais ça m’a quand même permis d’aller reconnaître le parcours le vendredi.

Très roulant, pratiquement aucun pilotage. Un peu dommage, quand on est en trike…

La joyeuse bande des Vélorizon, qui sont pour la plupart des retraités qui profitent de toute occasion pour rouler ensemble, se retrouver le soir à l’apéro et faire des petits gueuletons…

Le lendemain matin, je sors mon VTX de la remorque. Dernier modèle, avec tous les accessoires haut de gamme, plus quelques petits appendices aéro que Chris a ajouté avant de partir… Autant dire qu’il est regardé, photographié… C’est un malin, Chris…:-)

L’objectif, c’est de monter sur le podium. Pour moi, c’est une manière de dire à l’équipe de Ice qu’il n’ont pas placé leur confiance dans un trop mauvais cheval… Philippe qui m’a mis 5 minutes sur 50 km la semaine passé m’en mettra assurément deux sur les 20 km du CLM, les autres, je ne les connais pas trop. Le fils à Philippe, un grand gaillard d’une vingtaine d’années, et José, un nouveau venu, trike Ice VTX black lui aussi, la cinquantaine, super baraqué… Au pire quatrième…

mon 44 /11 je suis un peu court, et pour ne pas trop perdre de vitesse je suis obligé de mouliner fort, ce qui m’essouffle un peu. Je me reprends sur le plat, respiration ventrale, rotation fluide des jambes, c’est bon, j’arrive au premier virage à droite, assez rentrant. Je penche à l’intérieur, les pneus gueulent un peu, la roue arrière ripe un peu, mais je passe sans trop perdre de vitesse, donc sans avoir à relancer trop fort…

J’ai pas mal géré ma course, qui se finissait par un plat montant assez usant. Arrivé en haut avec un peu sous la pédale, de quoi relancer sur le plat et finir à donf.

Juste après la ligne d’arrivée, et avant d’entrer dans Trept, il y avait un radar « pédagogique ». 46, quand je suis passé, alors que j’avais arrêté de pédaler depuis quelques dizaines de mètres. Bon finish…

J’ai été très surpris d’apprendre par la suite que j’avais devancé Philippe de trois secondes. Trois secondes sur 30 minutes, ça représente quoi ? Une trajectoire bien négociée, une voiture qui m’a doublé et dont j’ai pu prendre l’aspi sur quelques mètres ? Bref pas grand-chose.

En tout cas doublement heureux : satisfaction personnelle, bien sûr, mais surtout le plaisir d’annoncer à Chris ma très belle place sur leur très beau trike…

En vélomobile, Geoffroy gagne, en vélo non caréné, Anthony qui envoie vraiment du lourd, et La Vipère qui se fait une très honorable troisième place derrière Robin. Il y avait des pointures dans la catégorie : Pedro, Ruffian, Seb, Gillou, et bien sûr Anthony, Robin et Marc. En deux roues, j’aurais souffert. Relégué loin au CLM, largué dans le dernier km au crité…

Le soir, grosse paella au camping, une cinquantaine de personnes, la Vélorizon classique, renforcée par les coureurs.

Le lendemain, départ du crité à 9 heures. Ça fait se lever tôt, il faut prendre un petit déj pour avoir quelque chose dans le ventre, mais pas juste avant la course, faire la quinzaine de de bornes pour aller à Trept, et arriver un peu avant quand même pour avoir le temps de fixer le transpondeur sur le vélo.

Au départ, c’est l’embrouille. Les gars de l’UFOLEP ont peur qu’on déborde sur l’horaire, on dispose du créneau 9h-11h ils veulent qu’on ne fasse que deux tours alors que les vélomobiles tournent en 20 minutes, et moi en 30 ! Geoffroy donne des indications contraires, en gros, si on a le temps de faire trois tours, on en fait trois, sinon deux, voire un… Vachement clair, comme consigne !

Départ groupé, on met les vélomobiles devant, comme c’est en descente, c’est pas la peine qu’en plus des courbes ils aient à négocier les dépassements. Ils se font un petit 90 dans la descente…

Je me retrouve avec Philippe et le train des vélos non carénés, qu’on arrive à suivre durant 5 ou 6 kilomètres. Mais je sais par expérience que ce n’est pas la peine d’essayer de les suivre. On serait à fond alors que eux sont à 70 %… On les laisse donc partir, au grand dam de Philippe qui piaffe un peu. Et on se retrouve à trois, avec Cricri et son Spéculoos 700. Il roule bien sur le plat, on se relaie bien et ça avance pas mal. On rejoint deux vélos droits qui n’ont pas pu suivre le train des costauds, on en largue un mais le second nous suit. On est donc quatre, à bien s’entendre. Philippe et moi en trike prenons des grosses avances dans les rares virages, mais Cricri rebouche toujours et prend les relais dans les plats.

Juste avant de passer l’arrivée au second tour, comme on ne sait pas si on va être arrêté au bout de la ligne droite, à tout hasard, on se fait un sprint avec Philippe pour la première place en trike. Il me met bien sûr une longueur : bien qu’il se défende de n’être pas bon sprinter, il va toujours mieux que moi. Si on pouvait encore faire des efforts courts et violents à 64 ans, ça se saurait…

Du coup, je suis en vrac pendant le kilomètre qui suit, heureusement il y a la descente du troisième tour (ils ne nous ont pas arrêtés car on avait le temps d’en refaire un) qui me permet de me refaire un peu. Le tour se finit globalement par une côte. Pas violente, mais une côte. Je me dis que si on se le fait au sprint, Philippe va me passer, comme au tour d’avant.

Alors je mets un peu la pression dans la côte, en accélérant un peu dès le bas, aidé par Cricri qui se bagarre avec un autre deux-roues : je ne lâche pas sa roue, mouline, respire comme il faut, et en haut du plat montant final je relance. Bingo ! Philippe suit, mais n’est plus je pense dans un état de fraîcheur permettant de finir très fort. En plus (à mon humble avis), il lance son sprint un peu trop tôt, se grille avant la ligne, ce qui me permet de le passer dans les 200 derniers mètres !

Second podium, identique au précédent. Philippe fait de l’humour en disant que ce n’est pas la peine de prendre la photo, ils ont déjà celle d’hier…:-)

Côté vélomobiles, c’est les mêmes sur le podium, mais pas dans le même ordre : Laurent, Bruno, Geoffroy.

En deux-roues, c’est l’incroyable Marc qui gagne, une victoire de Vipère, de vieux renard, toujours imprévisible, qui est parti gentiment avant la côte. Les autres se sont regardés, sachant que celui qui faisait l’effort pour boucher le trou se grillait… Marc a attaqué dur dans la côte, comme il est capable de faire quand il est en forme, et même Pedro, qui a une vitesse de pointe incroyable en fin de parcours, n’a pas réussi à le rejoindre. Marc, Pedro, et Seb qui a réussi dans le dernier kilomètre à s’imposer devant les autres.

Mon regret : si j’avais été là en deux roues, j’aurais pu voir ça (de l’arrière, ne rêvons pas), et je me serais sacrément fendu la pipe de voir la tactique vipérine dans toute sa splendeur…

De quoi alimenter de nombreuses conversations à venir « Tu te souviens du coup de La Vipère à Trept en 2019 ? ». Je m’en marre d’avance…

Bref, un week end super, avec le beau temps en plus, la bonne humeur, les retours au camping à donf alors qu’on était sensés être crevés par nos courses, mais c’était plus fort… Comme dit Seb, de vrais gamins (lui aussi était dans le coup).

Après la remise des prix, on est remonté en Normandie, à 5 dans l’Evasion de Seb, avec la remorque au cul. Arrivés à Laval à plus de deux heures du mat’. Les autres, on les a laissés au Mans où ils ont accroché la remorque derrière la Polo moribonde de Geoffroy. Ils avaient encore bien plus de route que nous…

Retour à Falmouth

Dormi un peu plus de quatre heures. Réveil dur dur… La fatigue des courses, du retour, tout ça se cumule un peu.

Un premier train jusqu’à Rennes, un second jusqu’à Morlaix, un autobus jusqu’à Roscoff. Par bonheur il fait un arrêt devant le terminal d’embarquement pour l’Angleterre, je n’aurai pas mon gros sac à porter.

Embarquement, mer un peu formée, houle de l’arrière, bien dégueulatoire, mais pour l’instant tout va bien pour tout le monde.