La semaine est passée assez vite. Et tout s’est emballé, jusqu’à maintenant,où j’écris cet article dans un train entre Falmouth et Exeter, avant de revenir en France pour les obsèques de ma Maman. Tout le monde pesait qu’elle tiendrait jusqu’à son centième anniversaire, le 1^er novembre prochain, dans seulement trois semaines, mais elle était tout simplement au bout de sa vie, elle est partie lundi matin sans souffrir, à part de se rendre compte par elle-même qu’elle avait perdu beaucoup de ses facultés intellectuelles, bien que sa capacité de s’exprimer dans un français impeccable soit toujours restée intacte.

J’ai quitté le chalet au camping, réglé ce que je devais, emballé vite fait mes affaires, et nous avons tout chargé dans la camionnette de Ice Trikes pour déposer le tout chez Chris et Karen, à Stithians.

La journée avait commencé avec la confection d’une pointe arrière sur un trike, que Chris tenait absolument à réaliser avant la prochaine course de vélos à Hillingdon, près de Londres, dans une quinzaine.

Mais revenons à la semaine passée. Vendredi soir, nous nous sommes préparés pour la course du dimanche, à Stourport, près de Birmingham. Derniers réglages sur les vélos. Le vélo que Tim avait pour le Duo m’a été attribué, un VTX bien sûr. Je n’ai eu qu’à baisser de quelques centimètres l’appui-tête pour qu’il soit parfaitement réglé pour moi.

J’ai rejoint Chris à l’atelier samedi matin, j’ai embarqué dans la camionnette avec les 5 ou 6 trikes qu’on a emmenés, et nous sommes partis vers le Nord.

Ça m’a donné l’occasion de voir un peu le paysage ailleurs qu’en Cornouaille. Assez plat, quelques hautes collines après Bristol, et des estuaires qui remontent loin dans les terres…

Le samedi soir, nous sommes allés chez les parents de Chris, mais avant, nous avons fait un détour pour aller voir un pont. Un pont en ferraille, diraient certains.

Mais le premier des ponts à structure métallique, construit en 1781. Incroyable ! Des pièces massives, forgées. On voit bien qu’à cette époque ils n’avaient aucun moyen de calcul des structures et copiaient les charpente en bois pour faire celle-ci, en fer forgé. Sa hauteur est due au fait que des chalands passaient dessous, et qu’ils étaient équipés de voiles, car si la rivière à cet endroit passe dans des gorges et les barges étaient tirées par des chevaux, la majeure partie de son cours est en terrain dégagé, et elles marchaient à la voile.

Suite à quoi nous somme allés chez les parents de Chris. Lui 88 ans, elle 83, bavards tous les deux, adorables, cyclistes tous les deux (un peu aidés à présent par une assistance électrique sur leur trike respectif), habitant une maison très cosy, avec une cheminée et un living-room très accueillant, sans télé, fait pour converser, pour prendre le thé…

Lui était un genre de coureur de l’extrême avant que ce soit la mode. Il y a une bonne trentaine d’année, il partait courir dans le pays pendant 2 ou 3 jours, avec juste un sac à dos. Entière autonomie. Son terrain de jeu favori était le Lake District National Park, au sud de Carlisle, et une carte monumentale de ce parc est affichée sur tout un mur de la cuisine. Il doit certainement refaire ses trecks en prenant son thé le matin…

On a bricolé un peu sur les vélos, remis vite fait en état un vieux vélo couché Long Wheelbase avec lequel je suis allé faire un petit tour sous les yeux amusés de Franck, le père de Chris. Très roulant, des sensations de conduire un autobus dans les virages, mais amusant.

Quand je suis revenu, Franck, qui utilise un déambulateur pour marcher loin,a tenu à essayer son « favorite bike ». Il s’est fait engueuler par sa femme car il était en Croc’s, mais qu’à cela ne tienne, il est allé mettre des vraies godasses et a fait un petit tour, lui aussi. 88 ans, à moitié valide, mais toujours des étincelles dans les yeux quand il fait des trucs de gamin, comme ça.

Le lendemain, ils sont venus voir la course.